Lifestyle

Le Main Deli, la fin d’une époque

Il reste de moins en moins de commerces d’époque sur la rue Saint-Laurent et encore une fois cette semaine, c’est un des favoris des Montréalais qui disparaît à jamais, le Main Delicatessen. 😢

Je mange du “smoked meat” depuis ma tendre enfance. Jeune, ma famille habitait la rue Louis-Veuillot dans l’est de la ville, alors c’était coutume d’aller manger un sandwich à la viande fumée avant un match des Expos à un resto qui s’appelait l’Olympien, coin Sherbrooke et L’Assomption. Je m’en souviens encore, car c’était une des seules activités qu’on faisait en famille et que tout le monde appréciait. Il y avait un côté deli et une salle à manger. J’étais si jeune, qu’à mon souvenir, je n’ai jamais mangé du côté salle à dîner. On peut pratiquement dire que je suis passé du biberon au pain de seigle. 😉

Quelques années plus tard, mes parents se sont divorcés. Mon père a quitté l’est de la ville pour s’en aller vivre devant le carré Saint-Louis avec sa nouvelle blonde. Bien que je cuisinais souvent à côté du paternel, c’est à cette époque que mes papilles se sont réveillées.

Le samedi on allait à l’épicerie Warshaw où tous les produits étaient en vrac. Imaginez une épicerie à rayon où on peut goûter à tout, même les biscuits, avant de les acheter. Ensuite, si je n’étais pas trop turbulent, on m’amenait au défunt Slovenia où je pouvais manger un demi-sandwich de mon choix. D’ailleurs le Slovenia nous a également quitté l’année dernière. Une autre lourde perte.

Mais le Main, c’était pour les occasions spéciales. D’emblée sachez que je ne considère pas le sandwich à la viande fumée comme étant du vulgaire fast food. C’est un mets qui prend une certaine technique, voire une science, pour le réussir à la perfection. Un savant mélange d’épices, un temps de saumurage, une cuisson lente et un fumage subtil rendent cette recette de brisket unique à l’île de Montréal. 

Plusieurs tentent sans succès de bien réussir ce classique hébraïque, mais selon moi, le Main le faisait mieux que tous.

Situé juste en face du fameux Schwartz, là où la viande est trop sèche et le service est pourri. Le Main, c’était le spot des connaisseurs. Plus juteux, pas de file d’attente (le Main ne s’affichait pas dans les guides touristiques) et en bonus, ils possédaient un permis d’alcool, alors pas besoin de faire semblant d’aimer le Coke aux cerises en accompagnement de son sandwich. D’ailleurs mon père m’a appris jeune, qu’un VRAI MONTRÉALAIS, n’attend pas en ligne pour un sandwich. De sages paroles, que je respecte encore à ce jour. 

Pendant une longue époque, le Main fermait ses portes à 4 am et c’était un endroit de prédilection pour absorber l’excédent d’alcool dans un pain de seigle et du gras. En plus d’être le mien, c’était aussi le deli préféré au légendaire Leonard Cohen. Dommage qu’il ait disparu lui aussi, il aurait sûrement composé un hymne à Maryse, la serveuse préférée de tous.

Je l’ai dit pour le Slovenia et je le répète pour le Main: toute bonne chose à une fin, mais malheureusement cette faim me laisse sur mon appétit. Il ne me reste que quelques endroits à Montréal qui me plongent dans mes souvenirs de jeunesse et encore une fois j’en perds un de plus. De mon top 4 sandwichs de la rue Saint-Laurent, il n’en reste maintenant plus que deux… 

Salutations et bonne suite pour tous ceux qui y travaillaient. Pour le reste, on devra faire le détour et se retrouver au Snowdon Deli

Merci pour toutes ses belles années (et sûrement une artère ou deux de bloquées).

RIP Le Main Deli & Steakhouse 🙏🏻

Bob le Chef

Chef diplômé de l'ITHQ / Grand fan de sports / Animateur et co-auteur de L'Anarchie Culinaire

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *